Un groupe de scientifiques californiens vient de mettre au point une nouvelle technique d’analyse qui permet de mesurer la concentration de Trifluorure d’azote (NF3) dans l’atmosphère. Ce gaz à un effet de serre particulièrement puissant et la production de panneaux solaires est une source importante d’émission. Un beau cadeau de fin d’année pour les détracteurs du photovoltaïque mais il convient d’y regarder à deux fois avant de bêler avec le troupeau. Car ici c’est la filière des couches minces qui est concernée et non les panneaux poly cristallins ou monocristallins.
Le Trifluorure d’azote (NF3) est un gaz à effet de serre dont le pouvoir réchauffant est 17.000 fois plus puissant que le CO2. En d’autre terme, 1 kg de NF3 émis dans l’atmosphère a le même impact sur le réchauffement climatique que 17 tonnes de CO2. Propriété aggravante, le NF3 a une durée de vie dans l’atmosphère estimé à plus de 600 ans (contre 125 ans pour le CO2).
Il ne saurait être question de minimiser le pouvoir polluant de ce gaz mais il convient aussi de rappeler que jusqu’à présent les scientifiques ne disposaient pas d’outils permettant d’en mesurer la concentration dans l’atmosphère. Les estimations portaient sur 1200 tonnes de NF3 en 2006. A la lumière des recherches menées par L’institut d’Océanographie de La Jolla en Californie il s’avère que ce sont plutôt 4200 tonnes qui étaient présentent en 2006 et qu’en 2008 on a atteint 5400 tonnes avec une progression prévisible de 11% par an.
Du fait de l’absence de moyen de détection et de la faiblesse des émissions estimées, le protocole de Kyoto n’a pas pris en compte le NF3, considérant comme négligeable son impact sur le réchauffement climatique. Il convient de souligner qu’au regard des nouveaux calculs les émissions de NF3 ne contribuent que pour 0.04 % à l’effet de serre d’origine anthropique.
En revanche il faut accorder une attention toute particulière aux activités humaines qui sont sources d’émissions. Les producteurs d’écran plat, de micro circuit électronique et de panneau solaire en couche mince sont désignés comme pollueurs principaux. Un comble pour l’industrie photovoltaïque qui se doit d’être vertueuse sur ce chapitre et dont les volumes de production sont en croissances rapides. Mais ici encore, gardons nous des amalgames faciles. Ce n’est pas la filière photovoltaïque dans son ensemble qui est responsable et il convient de rappeler qu’aujourd’hui les installations particulières exploitent des panneaux polycristallins ou monocristallins qui ne sont pas concernés par ce problème.
La recommandation des scientifiques est parfaitement légitime, il faut que les émissions de Trifluorure d’Azote soient prises en compte par le protocole de Kyoto. Il faut aussi que l’industrie intègre la détection et le contrôle des émissions de NF3 dans ses processus de fabrication. Mais comment lui faire le reproche de ne pas l’avoir fait avant alors que de la communauté scientifique elle-même jugeait l’impact du NF3 négligeable.
On voit bien tout l’intérêt que représente cette information pour les détracteurs du photovoltaïque mais il s’agit d’un argument des plus démagogique. Le bilan global du solaire photovoltaïque reste largement créditeur. Sa marge de progression est bien supérieure aux autres sources d’énergies renouvelables. Il s’agit donc de relativiser cette nouvelle donnée et de considérer les gros titres alarmistes pour ce qu’ils sont, une information partielle et partiale.